Les cinq entraves sont les cinq liens qui enchaînent l'esprit humain dans les afflictions, créant ainsi de nombreux karmas qui le conduisent vers le samsara. Ces obstacles obstruent notre clarté d'esprit de telle manière que nous soyons embrouillés par l'ignorance et incapables de s'éveiller. Pour les pratiquants du Zen, ces cinq obstacles sont des mauvais dharmas :
qui les empêchent d'atteindre un mental calme et immobile, essentiel pour le développement de la sagesse menant à l'Illumination et à la Libération.
Le Bouddha a enseigné : "Tant que les cinq obstacles ne sont pas éliminés, le moine les contemple en lui-même comme une dette, comme une maladie, comme une prison, comme un esclavage et comme un chemin périlleux." (1) Nous devrons apprendre à les reconnaître et à les éviter afin de progresser sur le chemin de la méditation.
Tout d'abord, nous devons comprendre la signification de chaque obstacle et ensuite appliquer la méthode du Bouddha pour les surpasser.
1) Le désir sensoriel
Quelle que soit la sensation que nous pouvons ressentir, ne serait-ce qu’un bref instant, qu’il ne s’agisse que d’une petite réflexion, un son doux, un goût délicieux ou une sensation enivrante, aussitôt qu’ils sont plaisants, le désir sensoriel, est là.
En général, c'est le désir de plaisir à travers les 5 sens, qu’il s’agisse de visions, de sons, de touchers, de goûts, d’odeurs ou de pensées, et les désirs sans bornes de richesses, de beauté, de renommée. De plus, le désir sensoriel comprend également le plaisir dans les activités sexuelles, de bien manger et de bien dormir, d'éviter d'endurer des sentiments douloureux et tristes, et à la fin de vouloir toujours se sentir à l'aise en toutes circonstances. Ce sont les exigences de la nature humaine.
On dit souvent que, plus on a de désirs, plus les afflictions augmentent. C'est vrai, mais malheureusement, bien qu'ils sachent cela, la plupart des gens continuent dans leur lutte pour assouvir leurs désirs, puis se lamentent de leurs malheurs, et de leur souffrance !
Un moine est une personne éclairée qui veut sortir d'une vie tourmentée par ces désirs. Lorsque le désir sensoriel est totalement absent, le bonheur sera présent. L’esprit goûtera alors au bien-être procuré par sa capacité à demeurer paisiblement sur son objet de méditation.
2) L'aversion
Cela signifie que l'esprit est en colère contre des situations désagréables ou contrariantes. Une personne en colère est quelqu'un qui veut s'opposer, punir, combattre ou faire des ravages. La colère est un état négatif qui est caché en nous, chez tout être humain, et qui émerge lorsque les conditions seront réunies. Conscient de la toxicité de la colère, le Bouddha a enseigné que l'avidité, la haine et l'illusion sont les trois poisons qui ont la capacité de détruire l'âme et le corps des gens, non seulement dans cette vie, mais aussi dans de nombreuses vies à venir. Dans les sutras, il est aussi dit que la colère est plus cruelle et dangereuse que le feu. Elle est comme un bandit, comme un serpent venimeux. Une seule pensée de colère brûle facilement toute la forêt du mérite. Il faut donc trouver tous les moyens pour l'en empêcher.
La colère a de nombreux états et niveaux d'expression différents tels que : le dégoût, la tristesse, la colère, l'irritation, le rejet, le ressentiment, la haine. La colère se manifeste dans les expressions faciales, la parole et les pensées. Elle est exprimée par des attitudes telles que faire des grimaces, froncer les sourcils, rouler des yeux, grincer des dents. Ou en expression verbale telle que crier, hurler, injurier. Elle est aussi exprimée par des gestes et des actions telles que jeter des objets, battre, tourmenter, poignarder, tuer des gens... Parfois, la colère et la haine ne se manifestent pas extérieurement mais sont enfouies dans le coeur comme dans les expressions populaires suivantes : "vivre avec sa haine et l'emporter dans la mort" ou "une vendetta au-delà de la mort". La colère amène les gens à créer de mauvais karma à travers des mots, des pensées et des actions. C'est la cause qui conduit au samsara.
Pour les pratiquants du Zen, la colère est une aversion de l'objet même de sa méditation, entraînant facilement son abandon au profit d'autres objectifs. Lorsque le mécontentement est totalement absent, la joie sera présente. L’esprit est alors intéressé à son objet de méditation.
3) La paresse et la torpeur
C'est la fatigue du Corps et la torpeur du Mental. C'est un état de paresse du Corps et de léthargie du Mental. Le pratiquant débutant tombe souvent dans cet état lorsqu'il perd la Pleine conscience et que son esprit s'éloigne du sujet. Puis il glisse dans un état semi-conscient, à moitié endormi, à moitié éveillé. C'est l'état où notre énergie et notre attention sont brouillées ou éteintes.
Méditer c'est entraîner son Mental. Lorsque la paresse et la torpeur nous envahissent, nous n'avons plus d'énergie pour faire quoi que ce soit. La baisse d'énergie conduira à la somnolence. La paresse fait que la conscience perd sa clarté, glisse vers la fragmentation puis s'éteint. Cela conduit à la somnolence dans la méditation à notre insu.
4) L’agitation mentale et les remords
L'agitation a deux faces, l'agitation du Corps et l'agitation de l'Esprit. Le corps n'arrivait pas à rester tranquille, se balançant ou bougeant sans arrêt pour changer de position, les yeux regardant d'avant en arrière. Ou lorsque la méditation est trop intense, provoquant le relâchement ou la douleur du corps, conduisant ainsi facilement à un état de découragement et de paresse dans la pratique. L'agitation de l'Esprit est l'état du Mental submergé par les pensées pendant la méditation. Dans les sutras, ce Mental est appelé un "mental errant" sautant d'une pensée à une autre comme un singe balançant dans les arbres, sans arrêt, ou un mental, insatisfait du sujet de la pratique, se projetant vers d'autres sujets plus attrayants. Trouver d'autres sujets signifie que le méditant est sous l'emprise du doute.
Le regret est aussi un état particulier d'agitation de l'Esprit. Ce Mental agité est causé par une conscience pleine de remords des erreurs passées. C'est le résultat karmique des mauvaises actions passées qui rend l'esprit instable pendant la méditation.
5) Le doute
C'est un Mental hésitant, ne parvenant pas à distinguer ce qui est bien de ce qui est mal. Ce qui signifie que le méditant se pose beaucoup de questions sur sa propre capacité à pratiquer. Il commence à douter, non seulement de ses capacités, mais aussi de son guide, de la méthode enseignée, de la méditation en général, de Bouddha ou du Dhamma.
Le doute peut également être vu comme une autre forme d'état d'agitation. Lorsqu'il y a trop de connaissances et de concepts dans l'esprit, celui-ci devient hésitant et indécis. Par conséquent, les questions et les préoccupations pendant la méditation en position assise doivent être évacuées complètement avant la pratique.
Lorsqu'il décide de pratiquer le Zen, le méditant doit avoir une croyance ferme, comprendre la technique de la pratique du Zen, comprendre le sujet de la pratique et comprendre clairement son but.
La Voie du Zen est le chemin de retour vers notre vraie Nature. Sur le chemin, nous devons franchir de nombreuses portes. L'une de ces portes est "les cinq entraves". Après avoir passé ces "cinq obstacles", nous devons encore abandonner les murmures et les dialogues mentaux afin de demeurer paisiblement dans le deuxième niveau de Jhana, c'est-à-dire le Samadhi sans murmures mentaux, le niveau le plus difficile à atteindre. Lorsque notre mental est entièrement calme, sans murmure mental, les "cinq obstacles" ne peuvent plus interférer dans notre voyage. Par conséquent, la voie de perfectionnement s'ouvrira clairement devant nous. Nous goûterons alors au bien-être procuré par le dhamma et ainsi, nous développerons nos capacités d’Eveil.
THÍCH NỮ HẰNG NHƯ
Août 17-2018
Source : Năm triền cái là gì ?
Traduction : Nhất Hòa
(1) : MN39 - Le grand récit d’Assapura
Auteur : Hằng Như
Publié le : 21-09-2022 - 12:35