NDT : Le terme pali Samma-sati (Chánh niệm en vietnamien) est communément traduit en Pleine conscience (fr) ou Mindfulness (en). Le maître Thông Triệt préconise la traduction Awareness (en) qui signifie aussi conscience. Nous utiliserons donc la traduction Pleine conscience dans ce document.
Le bonheur ne vient pas d'ailleurs, il est toujours présent en nous. Nous ne le réalisons pas parce que nous sombrons dans les regrets du passé, nous errons dans le futur ou nous nous égarons dans le moment présent. La pleine conscience ramène notre mental à notre corps. Elle procure la paix et la conscience d'ici et maintenant. L'énergie de la pleine conscience nous aide à prendre conscience de ce qui se passe en nous et autour de nous. Grâce à la pleine conscience, nous savons que nous sommes vivants et que nous apprécions les miracles de la vie qui sont présents autour de nous. Notre mental ne vagabonde plus, ne suit aucun attachement et s'accorde avec tout. Grâce à la pratique, le mental fusionne avec le corps. Nous sommes vraiment présents pour ceux qui nous entourent.
La pleine conscience aide l'esprit à s'immobiliser pour jouir pleinement de l'instant présent. Lorsqu'elle est claire, l'énergie de Bouddha se manifeste. Lorsqu'elle est absente, l'énergie de l'être ordinaire est présente. Nous ne pouvons partager le bonheur avec les autres que si nous en avons nous-mêmes beaucoup. La pleine conscience est ici et maintenant, dans la pratique d'ici et maintenant. La pleine conscience ne peut pas être invoquée par une prière ou un rituel quelconque. La pleine conscience consiste simplement à être attentif, à ne rien souhaiter. Quand elle devient une habitude bien ancrée, elle est la pleine conscience sans pleine conscience.
Plus vous êtes en pleine conscience, plus vous êtes dans le bonheur. La fonction de la pleine conscience est de reconnaître et premièrement de reconnaître un seul contenu, sans parole dans lequel il n'y a aucun jugement ou opinion personnelle. Nous sommes accoutumés aux émotions telles que la jalousie, la colère, l'illusion, le doute, etc., qui créent à la fois du karma et ralentissent notre pratique. Nous sommes ce qui se voit, s'entend, se touche. Donc, si nous demeurons dans ce que nous voyons, nous entendons et nous touchons, nous obtenons le bonheur. Quand tous les concepts sont absents, nous ne sommes plus coincés dans la dualité. Tout devient agréable. Quand tous les attachements ont disparu, le bonheur est immense. Le bonheur n'est pas de ramener quelque chose vers soi, le bonheur est justement de lâcher ou de se détacher.
En bref, la pleine conscience élimine toutes les pressions, atténue les tensions et libère tous les attachements. Nous devenons légers, sans souci, sans chagrin, cela signifie que le Nirvana est présent. L'essence de la pleine conscience est la non-pensée. Alors, comment pratiquer la pleine conscience ?
Dans le chapitre ROHITASSA, le Bouddha enseigne quatre types de samadhi et fait référence à la connaissance claire ou la connaissance globale. Le mot Pāli "satisampajañña" (vi: chánh niệm tỉnh giác) est traduit en Pleine et claire conscience. Bouddha a dit :
Et qu'est-ce, moines, que le développement du samadhi qui, lorsqu'il est développé et cultivé, mène à la Pleine et claire conscience?
À cet égard, chez un moine, les sensations1 sont distinguées lorsqu'elles apparaissent, distinguées lorsqu'elles restent présentes, distinguées lorsqu'elles cessent. Les perceptions2 sont distinguées lorsqu'elles apparaissent, distinguées lorsqu'elles restent présentes, distinguées lorsqu'elles cessent. Les pensées3 sont distinguées lorsqu'elles apparaissent, distinguées lorsqu'elles restent présentes, distinguées lorsqu'elles cessent.
Voici, moines, tel est le développement du samadhi qui, lorsqu'il est développé et cultivé, mène à la Pleine et claire conscience.
(Extrait du Anguttara Nikaya, ROHITASSA, Chapitre 41, à propos de 4 types de samadhi)
Comment appliquer la Pleine et claire conscience à la Sensation, à la Perception et à la Pensée lorsqu'elles surviennent pendant que nous sommes dans l'état de Samadhi ?
1. Etape 1 : Appliquer le Sutta Rohitassa
en reconnaissant les trois états d'apparition, de maintien ou de cessation de la Sensation, de la Perception et de la Pensée.
Pour pratiquer ce sutta, le méditant doit utiliser la connaissance tacite pendant zazen. C'est-à-dire que lorsque la posture de zazen se stabilise, nous allons progressivement sentir de la lourdeur dans l'une des trois régions :
Nous avons juste une connaissance tacite de l'un de ces 3 types de sensations, sans le suivre.
De plus, si soudainement des perceptions surgissent, cessent ou demeurent, nous en sommes également conscients afin de ne pas les suivre. La perception résulte des images mentales évoquées dans la conscience visuelle que nous reconnaissons à travers des symboles mentaux. Ils ne surviennent pas de manière continue, mais uniquement de l'activation habituelle des cellules cérébrales des aires de mémoire à court terme et à long terme. Ces images sont en fait des perceptions enregistrées dans nos mémoires.
Quant à l'apparition, ou la persistance, ou la fin des pensées, nous en sommes également conscients de manière tacite sans les suivre. Penser signifie raisonner/réfléchir à quelque chose. En fait, les pensées sont des murmures mentaux qui apparaissent également par inertie cérébrale (par habitude). Cependant elles sont moins fortes que lors du 1er niveau de méditation. Ainsi, en étant tacitement conscient, le méditant sera en capacité de mettre fin à cette inertie de murmurer.
En principe, lorsqu'un méditant a complètement pacifier la Sensation, la Perception et la Pensée, il est considéré comme capable de maîtriser la formation mentale4, d'empêcher la formation verbale5 (formation de la parole) et de réguler la formation corporelle6. A ce moment, il aura l'expérience de la respiration stationnaire.
Selon le bouddhisme Zen, arrivé à ce stade, le méditant a su abandonner le sentier du langage, maîtriser ses pensées, en ne poursuivant plus ses pensées vagabondes. Ses manières et ses postures deviennent pures et paisibles. Son esprit n'est plus agité ni perturbé par les pensées issues de la base mentale ou de la conscience discriminante. Les nuages de l'ignorance commencent à dissiper et la conscience éveillée commence à devenir une force, une présence plus permanente et plus stable.
2. Etape 2 : Demeurer dans l’Équanimité
Ce mot est synonyme de rester dans l'imperturbabilité. C'est l'état dans lequel le Soi est paisible, serein et détaché. Selon le bouddhisme Zen, c'est l'étape où le concept de soi du méditant demeure dans sa conscience éveillée. Lorsque l'équanimité est atteinte dans étape 1 et que la conscience éveillée est vraiment présente. Derrière l'équanimité, se trouvent la sérénité, la paix, l'impassibilité, la relaxation, le calme, et non pas "rien du tout".
Selon le Sutra du Diamant, dans l'étape 1, le méditant a complètement "dominé le Mental Erroné". Dans l'étape 2, le méditant "demeure dans le Mental Vrai". Selon la Doctrine de la Sagesse de Nagarjuna, c'est le moment où le méditant "demeure dans le Non-né du Dharma". Quant au bouddhisme zen, en demeurant dans l'équanimité mentionnée ci-dessus, le méditant pénètre dans sa conscience pour former un tout unifié**. En lui, le concept de soi disparaît. Seul un état de connaissance sans parole apparaît en permanence.
Si le méditant parvient vraiment à demeurer dans l'équanimité, sa conscience éveillée sera présente dans sa vie quotidienne. C'est le moment où le buffle noir devient le buffle blanc, selon Les dix images du buffle. Quant au bouddhisme zen, c'est le moment où le méditant a pénétré dans la "conscience éveillée" ou " a rencontré sa Vrai nature".
Au cours du processus de Demeurer dans l'équanimité, le corps du méditant est soumis à des effets biologiques, par lesquels les impuretés ou mauvaises habitudes seront éliminées, conduisant ainsi aux résultats suivants :
La cessation des « 5 chaînes inférieures » qui comprennent : l'illusion du Soi, l'attachement aux rituels, le doute, la cupidité et la colère. Nous connaissons déjà la signification du doute, de la cupidité et de la haine décrits dans Les 5 entraves de la méditation. "L'illusion du Soi" consiste à voir le corps comme réel et permanent, conduisant à le chérir, à en prendre soin et à nourrir ses exigences avec dévouement. À partir de là, il est facile de créer des mauvais karmas ou d'enfreindre les préceptes. "L'attachement aux rituels" est le strict respect des rituels ou superstitions, tels que les offrandes astrologiques pour conjurer le sort ou les offrandes aux divinités du taureau, du serpent, du feu, etc. Lorsque nous atteignons la paix et l'équanimité, l'esprit et le corps deviennent purs et calmes, nous ne sommes donc plus ligotés par ces cinq chaînes.
L'obtention d'un corps en équilibre et un esprit serein.
Le corps et l'esprit seront en harmonie l'un avec l'autre.
La première sagesse obtenue sera celle de la "connaissance telle quelle" ou également connu sous le nom de la "connaissance non-discriminante" (sa : nirvikalpa-jñāna), terme utilisé par l'école de "la Voie de la conscience". Les moines chinois, japonais et vietnamien l'appellent "la connaissance ou la sagesse fondamentale". Avec cette connaissance, ils voient les choses telles qu'elles sont. Leur mental est dépourvu de subjectivité, de préjugé envers aucun objet. Et ensuite, il y a le développement de la "sagesse sans maître" (sans apprentissage).
Dans la méditation Theravada, la Pleine conscience (Chánh niệm) est considérée comme l'étape la plus importante de la méditation. À partir de la Pleine conscience, un méditant peut pénétrer soit dans le Samadhi, soit dans le Samadhi de la Vacuité sans passer par les jhānas sans forme tels que les jhānas de l'Espace infini, de la Conscience infinie, du Néant et du Ni perception, ni non-perception.
Par rapport au bouddhisme zen, si Demeurer dans l'équanimité est fermement établi, on peut considérer que l'on a atteint la Conscience éveillée (Tánh giác) et qu'elle demeure en nous dans la vie quotidienne.
Dans cette session spéciale de pratique, chaque méditant doit persévérer dans ses efforts pour suivre les instructions étape par étape. Sans l'effort de la pratique, il ne connaîtra jamais la transformation du mental, l’élévation de la sagesse et l'harmonie du corps.
La théorie est disponible, j'espère que vous persisterez dans la pratique.
l'attitude : qui est digne, ne secouant plus la cuisse ou la jambe, ni agitant les bras, restant immobile lorsqu'il interagit avec les gens,
Puissent nos mérites et nos vertus
Bénéficier à tous les êtres sensibles.
Tuệ Chiếu
Transcription du document à lire “Sutta Rohitassa” de Maître Thích Thông Triệt
SOURCE : Cách thực hành Chánh niệm tỉnh giác, 16/11/2022
Traduit par Nhất Hòa, relu par Hồng Thuý
Sensation = vedana (pi) = Thọ (vi) = sensations procurées par les 6 sens, les sentiments. ↩
Perception = sañña (pi) = Tưởng (vi) = perception symbolique du monde extérieur à travers nos 6 sens. La perception, ayant une structure supérieure au sentiment, crée des symboles ou des "choses" mentaux à partir des signaux extérieurs. ↩
Pensée = vitakka (pi) = Tầm (vi) = pensée, réflexion, cogitation, murmure. Il s'agit d'un état mental lié à un objet dans lequel émerge des images ou des symboles provenant de la mémoire de travail et de la mémoire à long terme, générant des pensées sous forme de murmures. À ce stade, le murmure est moins puissant qu'avant la pratique de la méditation. ↩
Formation mentale = citta-sankhāra (pi) = Tâm hành (vi) = Terme désignant la création mentale ou la fonction mentale. Explication: tous les phénomènes du monde, bien que présents, ne sont pas réels et ne sont pas permanents, alors que le mental pense qu'ils sont réels, permanents et éternels; de là est né l'attachement, conduisant à lutter, à s'emparer, à confronter pour protéger ses intérêts; créant des milliers de choses démentes bonnes ou mauvaises pour satisfaire les aspirations de son Mental Erroné. Les formations mentales sont la source d'afflictions et de souffrances, ainsi qu'un obstacle à la méditation. La formation mentale comprend la sensation et la perception. ↩
Formation verbale = vācī-sankhāra (pi) = Ngôn hành (vi) = Terme désignant la fonction verbale du mental. Synonyme de murmure, bavardage mental. ↩
Formation corporelle = kāya-sankhāra (pi) = Thân hành (vi) = actions corporelles, actions du corps. Elles comprennent : ↩
Auteur : Thông Triệt
Publié le : 13-12-2022 - 16:29